Marge-Marée
Ensemble composite
Le point de départ est une performance collective qui consistait à élever une tour de six mètres de hauteur grâce à l'énergie motrice de la marée. L’équipe était constituée de Louisa Arango, Mickael Foucaud, Guillaume Houset, Maelle Maugendre, Julie Rossignol, Anne-Laure Tapin, Andress Vahos et moi.
Après plusieurs temps de pratique collective ou solitaire dans cette portion d'espace située sur l'estran atlantique, Marge-Marée est devenue un atelier. Les temps de travail étaient espacés d’une telle manière, qu’il m’arrivait de laisser les pièces à la limite de l'oubli.
Les moments passés avec ce lieu et ce milieu ont façonné mon imaginaire. L’océan et le temps sont venus fragmenter cet ensemble. Alors pour trouver du sens à ce qui ne fut qu’un passage, j’ai suivi la fonction que chaque pièce avait. J’ai laissé le temps évider mon regard. Cela ma permis de voir les pièces dans leur singularité, c’est à dire en dehors de ce que je voulais leur faire dire.
Par exemple pour les roues, le sens signifié par le titre était différent suivant leurs positions. Debout, je les nommais roues, et une fois renversées sur le sol, elles devenaient corps-morts. A priori cela était juste. J’avais façonné ces pièces en rapport direct avec leur fonction. La forme circulaire m’aidait à les déplacer jusqu’à l’endroit où elles deviendraient un lest.
Mais à posteriori cela ne l’était plus. La fonction de ces pièces a été active que peu de temps. Au bout d’une vingtaine de jours, les poteaux et la plate-forme ont été emportés par la marée. L’embase aux trois engoulants et les roues sont restées. Le statut de sculpture est remonté à la surface pour ne plus la quitter. Le temps a passé, les pièces ont été occupées par des algues, des vers tubicoles (pomatoceros), des patelles, des crabes, des coques, des balanes et des anémones. Ils ont poursuivi le travail, ils ont sculpté.
Quand j’ai décidé de sortir les pièces de l’eau pour les exposer, j’ai redressé les roues et fait le chemin inverse jusqu’à mon atelier conventionnel. Sans tenir compte des 4 années passées, j’ai exposé les pièces, roue en position verticale, corps-mort en position horizontale. Seulement, quelque soit leurs positions, elles présentaient la ruine d’un écosystème.
J’ai exposé seize pièces (sculptures, photographies, maquettes) sur L’île de Ré est notamment au musée Ernest Cognac de St Martin de Ré. 2019